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Recherches sur les boulangeries de l’Italie romaine
– campagne 2011
Nicolas Monteix, Sanna Aho, Lorraine Garnier, Cecile Hartz, Eloise Letellier et Sandra Zanella.
Le matériel suivant est © Ecole française de Rome.
Utilisation soumise à CC-BY-NC-SA
4.0
Voir http://cefr.revues.org/328
Merci à Nicolas Monteix et à ses collègues.
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Our thanks to Nicolas Monteix and colleagues.
Dans la boulangerie IX 5, 4, située sur la Via di Nola, plusieurs pièces ont été l’objet de
nettoyage destinés à remettre au jour les niveaux de circulation en usage au
moment de l’éruption et de proposer une esquisse des transformations de cet
espace de production (fig. 10).
Fig. 10 – Pompéi Pistrina. Boulangerie
IX 5, 4. Chronologie relative des transformations survenues dans la
boulangerie.
Relevé : N. Monteix, S. Aho ;
DAO : N.M. ; éch. 1/250.
Lors de l’installation de la boulangerie
d’importants travaux ont été menés : tous les murs de refend situés dans
la moitié méridionale de la maison ont alors été abattus puis refaits avec une
autre disposition. La salle des meules ne comporte alors que trois moulins si
l’on se fie au revêtement de basalte les entourant. Disposés en équerre, ces
trois emplacements de mouture se développent en respectant un pilier
probablement en bois de section quadrangulaire, dont la partie inférieure était
protégée par une lame de fer repliée en équerre. Il repose sur une dalle non
horizontale de basalte et est entouré d’une fondation constituée de blocs de
« calcaire du Sarno ». Ce poteau a été scrupuleusement respecté lors
de l’extension successive de la meunerie par ajout d’une quatrième meule. Au
sud des meules, une vaste salle est ménagée par la construction d’un mur de
refend orienté nord-sud. Son sol est constitué par un simple niveau de terre
battue. Il apparaît vraisemblable que le four soit également installé lors de
cette phase, en étant inséré sous la voûte de la salle 9 (Note 6). C’est
probablement lors de l’installation de la boulangerie qu’est implanté un dolium
dans le lequel se déversent les eaux de pluie grâce à la mise en place d’une
gouttière verticale, construite avec des tuyaux céramiques protégés par des fragments
de tuiles (fig. 11). L’ensemble est raccordé à une canalisation se
déversant dans la rue. Immédiatement au sud de celui-ci est inséré un second
vase, probablement tronqué et non destiné à conserver de l’eau.
Note 6 : MEFRA 123-1, 2011, fig. 93.
Fig. 11 – Pompéi Pistrina. Boulangerie
IX 5, 4. Système d’alimentation hydraulique devant le four.
Une gouttière verse dans un dolium dont le fond
est percé.
Cliché S. Aho / EFR.
Lors d’une seconde phase, la boulangerie est
agrandie par l’adjonction d’une quatrième meule dont l’emplacement respecte le
pilier en bois. De nouvelles divisions de l’espace sont créées. Un mur de
refend présentant une porte centrée est construit entre la pièce 4 et la salle
des meules, ménageant de cette façon une nouvelle pièce (3). Dans la pièce 4,
un catillus en remploi est disposé dans l’angle nord-ouest afin de servir de
fondement à une jatte de pointage en terre cuite. Le pétrin actuellement
visible dans cette même pièce pourrait également avoir été installé à ce moment.
En revanche, faute de traces claires pouvant être associées à des tables
maçonnées, il convient de restituer un mobilier en bois.
L’état dans lequel la boulangerie a été observée
est particulièrement délicat à interpréter. En effet, des travaux postérieurs
aux aménagements décrits ont été réalisés. Pour l’essentiel, il s’agit de
l’ajout d’une cage d’escalier au nord du couloir 5, alors subdivisé par
l’adjonction d’un piédroit d’échiffre. Un épais remblai est alors installé
jusque dans la pièce 7, au point de réduire la hauteur utile de l’autel à une
vingtaine de centimètres au lieu des 60 à 80 que l’on observe dans les
boulangeries en état de marche. Un imposant tas de chaux est encore visible
dans l’angle sud-ouest de la salle 3, signe évident de travaux en cours au
moment de l’éruption. Enfin, entre le mur ouest de la salle des meules et la
canalisation, un remblai a été observé. Il comporte de nombreux matériaux
– tessons, fragments d’éléments de construction, rejets métalliques,
faune, charbon – mais aussi deux catilli et une meta (fig. 12).
Fig. 12 – Pompéi Pistrina. Boulangerie
IX 5, 4. Remblai comprenant une meta renversée et un catillus dans la
salle des meules.
Cliché S. Aho / EFR.
Il est difficile de déterminer si cette situation
remonte à la première extension de la boulangerie ou si elle lui est
postérieure. Enfin, notons que le pétrin a été découvert retourné
et fracturé, tandis que la fosse originellement destinée à le recevoir s’est
avérée pleine de lapilli. Ces différents éléments pourraient être pertinents à
un démantèlement de la boulangerie encore inachevé à l’automne 79.
Nicolas Monteix, Sanna Aho, Lorraine Garnier,
Cécile Hartz, Éloïse Letellier et Sandra Zanella, « Pompéi,
Pistrina », Chronique des activités archéologiques de l’École française de
Rome [En ligne], Les cités vésuviennes, mis en ligne le 19 décembre 2012, URL :
http://journals.openedition.org/cefr/328
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Recherches sur les boulangeries de l’Italie
romaine – campagne 2012
Nicolas Monteix, Sandra Zanella, Sanna Aho,
Raphael Macario et Evan Proudfoot.
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Voir http://cefr.revues.org/954
Merci à Nicolas Monteix et à ses collègues.
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Our thanks to Nicolas Monteix and colleagues.
Dans
le cadre du catalogage des différents éléments associés aux boulangeries, le
relevé des marques sur meules a été initié durant cette campagne. Loin d’être
inédites, ces inscriptions ont presque toutes déjà bénéficié de la lecture de
H. Dressel, transcrite dans le volume X du CIL, sous le numéro 8057.
Toutefois, la réalisation d’apographes permet de compléter et parfois de revoir
les lectures proposées. Surtout, l’analyse de ces inscriptions en contexte permet,
par-delà quelques pertes et lacunes, d’esquisser un parcours de ces moulins
entre la carrière et la boulangerie.
Pour
l’heure, sous réserve d’achever les apographes et la recension, aux trente-six
inscriptions éditées par Mommsen, s’ajoutent cinq autres, non mises au jour au
moment de l’édition du second volume du CIL X ou non observées. Quatorze
inscriptions ont été revues, six apographes réalisés (fig. 18).
Fig.
18 - Pompéi Pistrina. Apographes des marques incisées sur des
catilli.
Échelle :
1/10.
Relevé
– dessin : N. Monteix / ÉfR.
Il
convient en première approche de souligner que toutes les inscriptions revues
ont été incisées sur des meules réalisées en basalte d’Orvieto (Note 5).
Toutefois, tous les moulins provenant du Latium ne présentent pas
nécessairement d’inscription. Selon les observations d’H. Dressel,
transmises par Th. Mommsen, sept des trente-deux marques inscrites étaient
rehaussées de peinture rouge, tandis que six étaient exclusivement peintes et
non incisées. Pour l’heure, aucune des inscriptions peintes recensées dans le
CIL ne semble avoir été préservée.
Note
5 : Sur les différentes provenances des meules de Pompéi, voir Buffone
1999, p. 117-130.
Les
inscriptions incisées peuvent être lues tant sur les catilli que sur les metae. Ces dernières sont toutefois plus rares (24 %)
et plus difficiles à revoir en raison de leur possible dissimulation par le
massif maçonné entourant la meule dormante. Quand elles sont sur le catillus,
elles sont systématiquement disposées sous l’un des deux trous d’emmanchement
(fig. 19), c’est-à-dire que le tronc de cône sur lequel elles se trouvent
était posé au sol au moment de la gravure.
Fig.
19 - Pompéi Pistrina. Marque Hos(…) sur les
catilli des boulangeries VII 2, 22 (à gauche) ;) et VI 14,
28-32 (à droite), en remploi ; CIL X, 8057, 7 b.
À
gauche, CIL X, 8057, 7 a; à droite, en remploi, CIL X, 8057, 7 b.
Cliché :
Fr. Pauvarel / ÉfR et cliché – dessin :
N. Monteix / ÉfR
En
attendant de les revoir toutes, ces marques incisées renvoient à seize noms
différents, pouvant éventuellement être réduits à quatorze. Eu égard à la
nature du support, aucune de ces inscriptions ne comporte plus de trois
lettres. De ce fait, on ne saurait pour l’heure déterminer dans chaque cas à
quel élément de nomenclature tronqué renvoie l’inscription (Note 6). Quelques
exemples suggèrent cependant des tria nomina abrégés et dépourvus de cognomen
(Note 7).
Note
6 : L’inscription GEA(…) [CIL X, 8057, 6 a] pourrait être
l’abréviation d’un cognomen, tandis que les marques HOS(…)
[CIL X,
8057, 7], SEX(…) [CIL X, 8057, 11] et TVL(…) [CIL X, 8057,
13] pourraient renvoyer à des gentilices.
Note
7 : Les inscriptions P(…) MA(…) [CIL X, 8057, 10], C(…) MA(…) [CIL X,
8057, 9] et C(…) CO(…) [CIL X, 8057, 4 relue] pourraient
correspondre à ce cas de figure.
En
dépit de ces variantes, plusieurs hypothèses peuvent être formulées quant au
sens de ces marques. Elles peuvent avoir été faites (1-) sur le lieu
d’extraction et caractériser soit (1-a) l’exploitant et/ou propriétaire des
carrières, soit (1-b) un simple carrier. Une alternative consisterait à y voir
(2) des marques incisées pour nommer l’acheteur final de la meule, le
boulanger. Le fait que l’on retrouve la même marque dans plusieurs boulangeries
et qu’un même pistrinum présente des meules avec des marques différentes permet
de repousser la dernière hypothèse. On retiendra donc que les inscriptions
incisées renvoient à l’extraction. En suivant cette hypothèse, il est également
possible de considérer que la même carrière (le même carrier ou le même
exploitant) n’a pas de spécialisation dans sa production : elle fera
autant des catilli que des metae.
Une dernière remarque peut être faite quant aux rares inscriptions simplement
peintes : leur texte ne se retrouve jamais parmi les marques
incisées ; on considérera donc que ces indications peintes en rouge
pourraient caractériser soit un intermédiaire, soit le destinataire des
moulins.
A
priori, seul un unique exemple est préservé sur un catillus : la meule
encore en place de la boulangerie des Chastes amants (IX 12, 6.8) offre
deux inscriptions peintes à la lecture – à condition de modifier la balance des
couleurs (fig. 20). La première, qui méritera d’être photographiée de
nouveau avec un cadrage plus large, est très effacée et pourrait être un V. La
deuxième, peinte dans un second temps, indiquerait le destinataire du catillus
et donc l’occupant ou le propriétaire de la boulangerie. Les trois lettres
séparées d’un point se lisent C.I.P., que l’on développera en C(aio) I(ulio) P(olybio) ou C(aio) I(ulio)
P(hilippo) (Note 8).
Note
8 : L’intuition que cette boulangerie ait appartenu à Caius Iulius
Polybius avait été émise à titre d’hypothèse par Varone 1989, p. 225-238,
p. 236 et 1991, p. 195-204, p. 200, puis par Zevi 1996,
p. 78-85, p. 79. La lecture de cette inscription paraît leur donner
raison, au moins quant au lien avec les Iulii. Nous adressons par ailleurs tous nos
remerciements à A. Varone pour ses remarques sur la lecture de cette
inscription, confirmant notre transcription.
Fig.
20 - Pompéi Pistrina. Catillus dans la boulangerie des Chastes
amants.
De
gauche à droite : cliché initial ; cliché dont la balance des
couleurs a été numériquement modifiée pour faire ressortir les rouges, passé en
noir et blanc ; schéma d’interprétation du second cliché.
Cliché / DAO :
N. Monteix / ÉfR.
Buffone
1999 = L. Buffone et al., Le macine rotatorie in rocce
vulcaniche di Pompei, dans Rivista di studi pompeiani, 10, 1999,
p. 117-130.
Varone 1989 = A. Varone, Pompei.
Attività dell’Ufficio Scavi: 1989, dans Rivista di studi pompeiani,
3, 1989, p. 225-238, p. 236.
Varone 1991 = A. Varone, Pompei.
Attività dell’Ufficio Scavi: 1991, dans Rivista di studi pompeiani,
5, 1991, p. 195-204, p. 200.
Zevi
1996 = F. Zevi, La casa di
Giulio Polibio, dans M. R.
Borriello (éd.), Pompei. Abitare sotto il
Vesuvio, Ferrare, 1996, p. 78-85, p. 79.
Nicolas Monteix, Sandra Zanella, Sanna Aho,
Raphael Macario et Evan Proudfoot, « Pompéi, Pistrina
», Chronique des activités archéologiques de l’École française de
Rome [En ligne], Les cités vésuviennes, mis en ligne le 23 mai 2013, URL :
http://journals.openedition.org/cefr/954
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